mardi 25 mars 2008

Le bourbier somalien


La Somalie fait office de dernier de classe dans le continent africain. Et pour cause, il apparait à la dernière place des pays africains dans presque tous les classements établis par l'ONU. La plupart des données sont d'ailleurs non-disponibles tellement ce pays est emmêlé dans un bourbier socio-politique et économique. De plus, entendez-vous parler de la Somalie sur les différents JT ? Irak, Israel, Tibet, mais pas de Somalie. Pourtant, depuis 2006, le pays connait une crise à laquelle s'est même mêlée les USA. Explications.

Située à l'extrême est de l'Afrique, ce pays connait une relative anarchie depuis des décénnies. En effet, depuis la guerre de l'Ogaden, le pays ne vit qu'à coup de déclarations d'indépendance par divers provinces. Le dictateur de l'époque, Mohamed Siyad Barre, durcit son régime. Il est contraint à l'abandon en 1990, à cause du conflitl. Ces guerres civiles firent naturellement de nombreuses victimes civiles, notamment en créant des famines endémiques. Face à cette situation, en 1992, les Nations Unies mandatent les Etats-Unis pour l'opération "Restore Hope". Il s'agit là de la première intervention menée au nom du droit international d'ingérence humanitaire.

Néanmoins, les USA se montrèrent impuissants pour calmer la population et Bill Clinton ordonna le retrait des troupes en 1993. L'ONU reprit le relais mais ne fit guerre mieux et se retira en 1995. Dès lors, les conflits reprirent et les velléités d'indépendance également. En 1998, Puntland demande son indépendance. Il faut savoir que depuis la chute de Barre, la Somalie n'a encore à ce jour plus eu un pouvoir central. Néanmoins, en 2000 et en 2004, un gouvernement exilé nomme Abdiqassim Salad Hassan puis Abdullah Yusuf Ahmen. La situation reste inchangée et les guerres claniques font rage. De plus, ce gouvernement ne parvient pas à avoir une emprise sur le pays et sur Mogadiscio, à cause de son exil. C'est alors que l'Union des Tribus Islamiques reprend le vide laissé par ce gouvernement de façade.

En effet, en 2006, les Islamistes reprennent le pouvoir. En refixant des lois morales très dures ( pas de culture, port du voile, ... ) ils parviennent à stabiliser le pays. Les tribunaux demeurent les seules instances gouvernementales ayant du pouvoir au sein du pays. Ils reçoivent ainsi le soutien de plus en plus d'hommes d'affaires, de militaires et même de la population. ( Excepté le nord du pays ). Mais le voisin éthiopien ne veut pas voir ce gouvernement islamiste, qu'il ne reconnait pas, à ses frontières. Ainsi, par une intervention militaire massive de l'Ethiopie, les islamistes sont renversés 6 mois plus tard. Les Ethyopiens furent massivement aidés par les USA qui souhaitaient naturellement contre-carrer cette menace islamiste. Ainsi, Abdullah Yusuf Ahmed est officiellement président d'un gouvernement de transition.

Mais le conflit n'est pas éteint pour autant. Beaucoup de somaliens ne reconnaissent pas Ahmed comme président légitime, le voyant comme imposé par Addis-Abeba et surtout Washington. De plus, ce n'est pas parce que les islamistes ne sont plus dans Mogadiscio que le " péril " islamiste n'existe plus. Les membres de l'UTI ont en effet promis de se lancer dans la guérilla. Dans un tel contexte d'instabilité, les lois des clans reprendraient rapidement leur droite et la région pourrait s'embraser à nouveau. Or, si l'UTI reprennait le pouvoir, il n'est pas sûr de voir les forces américaines tenter de les annihiler, de peur de s'enliser dans le bourbier somalien qu'une aide financière, militaire et humaine des djihadistes étrangers ne serait pas à exclure.

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