vendredi 29 février 2008

L'Egypte ? Un endroit clé dans les relations internationales

L'Égypte est au même titre que la Turquie un endroit charnière dans les relations internationales. Elle fait le lien entre l'Afrique et l'Asie, entre la Mer Rouge et la Mer méditerrannée. Elle est voisine avec Israël, le Soudan, la Libye. Cependant, on oublie souvent que dans les années 1950's, elle fut le théâtre d'une guerre insoupçonnée, voir oubliée, et que ce conflit marqua la fin d'une ère coloniale. Je vous présente ainsi ci-dessous un document rédigé par Thierry Crettenand à propos de la guerre du Canal de Suez.


Une guerre très courte, mais avec de grandes conséquences, voilà ce que fut la crise de Suez. L’expédition qui y a été menée comportait de nombreuses erreurs que l’on ne pouvait prévoir sur le moment tant d’un côté comme de l’autre. Ainsi Anthony Eden était sûr que les Etats-Unis se joindraient à eux pour attaquer l’Egypte. De son côté Nasser et son gouvernement étaient sûr qu’Israël ne se mêlerait pas au conflit. Enfin, les Israëliens étaient convaincus que l’Egypte achetait des armes pour les attaquer et les détruire.

Durant cette crise, il y eu beaucoup de séances de conciliations. Mais ces dernières n’aboutirent à rien, et ce pour plusieurs raisons. D’abord, les Anglais considéraient que cette nationalisation était un affront, et le fait qu’elle intervienne peu après l’évacuation des derniers militaires Anglais en terre égyptienne renforçait encore la rage du premier ministre Anglais. Ensuite, les Français étaient convaincus qu’en réglant le problème égyptien et donc le problème de Nasser, ils régleraient le problème algérien. Ils estimaient également que le canal de Suez était une œuvre française, car construite par Ferdinand de Lesseps, et donc que la France avait des droits sur ce canal. Par ailleurs, les Européens avaient peur pour leur approvisionnement en pétrole, qui provenait majoritairement du Moyen-Orient et qui passait par Suez. Enfin, Israël avait peur de cette Egypte qui s’armait de plus en plus et qui voulait contrôler son canal. Les Israëliens craignaient de se voir refuser l’accès au canal ou attaquer par l’Egypte. En attaquant, non seulement ils régleraient ces problèmes, mais pourraient aussi mettre fin aux raids des Feddayins qui tuaient de nombreux Israëliens.

Toutes ces raisons expliquent pourquoi ces trois pays refusaient systématiquement tout arrangement. Chacun campait sur ces positions, sachant bien que cela finirait en guerre.

Ce qui devait donc arriver, arriva et Israël envahit le Sinaï. Quelques heures plus tard, un ultimatum franco-anglais demandait aux deux belligérants de se retirer de la zone du canal afin de garantir la sécurité dans cette zone. Puis, Anglais et Français débarquèrent sur sol égyptien avec de gros moyens militaires. Pendant ce temps, Budapest se soulève, ce qui va occuper l’URSS pour quelques heures. Une fois la révolution écrasée, les Soviétiques menacèrent de détruire Londres et Paris si les deux envahisseurs ne se retiraient pas. Appuyés par l’ONU et les Etats-Unis, l’URSS força les Européens à se retirer et ce fut la fin de la guerre de Suez. La France et l’Angleterre perdirent leur prestige aux yeux du monde, la guerre d’Algérie continua et le premier ministre Anglais démissionna, cette expédition a donc été un échec total pour les anciens colons.

Selon certains experts, cette crise a débuté à cause de plusieurs facteurs majeurs dont la guerre froide, la décolonisation et le conflit entre Arabes et Israëliens ; mais l’on peut également tenir compte d’autres facteurs secondaires tel que la rivalité entre les Etats-Unis et les anciens colons et la volonté de l’URSS et de l’Amérique de s’allier afin de faire régner leur loi.

Cliquez ici pour télécharger le document complet.

jeudi 28 février 2008

L'Afrique reste pauvre, compléments.

Comme l'a précisé Coco dans le sujet précédent, l'Afrique connaît une période de bonne croissance. Selon le bulletin du FMI, l'Afrique sub-saharienne a vu sa production augmenté de 6.5% grâce à l'accroissement de la production de pétrole, à la progression des investissements intérieurs et à l'amélioration de la productivité. La forte demande mondiale de produits de base contribue naturellement grandement à cette tendance, tout comme l'allégement de la dette.




"(...) le renforcement des politiques macroéconomiques et les réformes structurelles mises en oeuvre depuis des années ont commencé à porter leurs fruits." ( bulletin du FMI ) Ces mesures ont mené à une maitrise des prix toujours plus grande. ( Le Zimbabwe étant dans ce domaine hors-course.)




Toutefois, l'augmentation du prix du pétrole pourrait être un frein à l'augmentation du PIB de certains pays. ( paradoxe ) De plus, le degré de vulnérabilité à la crise de l'économie mondiale varie entre les pays, selon la nature de leurs exportations et de l'état de santé de leur budget.

Enfin, cette tendance étant une tendance continentale, la croissance des pays est loin d'être homogène. Des pays comme l'Angola ou l'Afrique du Sud sont ainsi dans une bonne période de croissance, au contraire de la Somalie ou du Zaire.


Que faut-il tirer alors de ces chiffres ? Tout d'abord, ils sont encourageants. Cependant, il ne faut pas oublier que la croissance est une tendance. Le PIB/habitant de l'Afrique reste encore largement inférieur à ceux des pays industrialisés. Par ailleurs, la croissance créée uniquement par l'exportation de matières premières est risquée. Elle est en effet exposée à la volatilité de ces marchés ( particulièrement le pétrole). De plus, on a vu plusieurs fois que l'ampleur de l'exportation des matières premières péjorait le reste des exportations. Ainsi, bien que ces chiffres soient encourageants, il faut que le continent africain, premièrement, diversifie ses exportations. Pour cela, il faut qu'il parvienne à intégrer les marchés que l'Asie domine pour l'instant, tel celui de la manufacture. ( Faut-il pour ce faire, comme le propose Paul Collier protéger l'Afrique face à l'Asie ? ) Ensuite, il faut que l'Afrique parvienne à développer un marché intérieur. L'émergence de certains pays, comme l'Afrique du Sud, pourrait servir cet objectif. Enfin, l'Afrique doit continuer à réduire les conflits sur son territoire. Le conflit du Soudan et de la corne de l'Afrique restant les principales zones de conflit. En effet, ces conflits empêchent leur propre croissance mais diminuent également celles de leurs voisins.


L'Afrique subsaharienne reste pauvre malgré ses performances économiques

Au demeurant et selon les dernières données sur la pauvreté du CNUCED, l'Afrique subsaharienne est la seule région en développement où le nombre de pauvres n'a cessé de croître.

De plus, l'Afrique demeure en marge du processus de mondialisation et l'ouverture des marchés de la Chine la met à l'écart du commerce mondial.

"L'Afrique occupe moins de 2% du commerce mondial alors qu'elle en était à 12% dans les années 80"

Une stratégie de réduction de la pauvreté est mis en place et vise à faire doubler le revenu par habitant d'ici à 2015.

Plus d'info en suivant ce lien

lundi 25 février 2008

UNIS

Je vous invite à aller jeter un coup d'oeil à www.unis.ch, c'est l'association avec laquelle je pars sur le terrain, c'est-à-dire au Niger.

Vous trouverez de plus amples informations sur nos projets en cours, sur ceux des années précédentes ainsi que sur les buts de cette association.

Géographie et économie ?

La géographie et l'économie possèdent, si l'on réfléchit un petit peu, un lien certain. On pourrait penser, à priori, que de bonnes conditions météorologiques propices à l'agriculture ou encore de nombreuses ressources naturelles influeront sur la prospérité. Mais ce lien est bien plus conséquent.

Ainsi, dans ce document sur le travail Jared Diamond rédigé par un étudiant HEC Lausanne ( le document est téléchargeable sur le site de HEC Lausanne ) on nous explique par exemple que l'Eurasie a son axe principal d'est en ouest, alors que celui de l'Afrique est Nord-Sud. Quelle conséquence ? Et bien ces données géographiques ont facilité les migrations à agriculture et élevage égal ( car latitudes plus ou moins semblables). Il en conclut que si les sociétés eurasiennes ont progressé plus vite que les autres régions du monde, jusqu'à un certain point, c'est avant tout pour des raisons bio-géographiques.


La Chine enfin active ?

Un représentant chinois aurait enfin affirmé que la Chine apporterait son aide afin de mettre un terme aux conflits du Darfour. Espoir ou feu de paille ?

"La Chine est prête à coopérer avec le gouvernement du Soudan, l'ONU, l'Union africaine, les pays de la région et tous les autres acteurs" pour tenter de mettre fin au conflit, a-t-il affirmé à la presse.
"Du côté du gouvernement chinois, nous sommes prêts à donner un coup de main".

Cliquez ici pour lire la suite.

dimanche 24 février 2008

Le Niger

Voilà comme je pars dans quelques semaines au Niger je vais vous présenter en quelques mots ce pays et notre projet :

Le Niger ( capitale : Niamey) est un état de l'Afrique sahélienne entouré au nord par l'Algérie et la Lybie, à l'est par le Tchad, au sud par le Nigeria et le Bénin, au sud-ouest par le Burkina-Faso et à l'ouest par le Mali. Il compte une superficie de 1'267'000 km2 (30 fois la Suisse) pour 11'762'750 habitants. La majeure partie des terres est recouverte par le désert du Sahara ce qui rend difficile les cultures, bien que la terre reste la première source de revenus des Nigériens.

Le Niger a été déclaré pays le plus pauvre au monde selon les indicateur du PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement). En 1999, 62% de la population était en dessous du seuil de pauvreté. Une personne sur deux est un enfant de moins de 15 ans. Le Niger est donc un pays jeune !

Depuis février 2007, une guerre civile fait rage dans le pays. En effet les rebelles touaregs (MNJ = Mouvement des Nigériens pour la Justice) se battent maintenant depuis plus d'un an avec le gouvernement.

Heureusement depuis le mois de février 2008 le climat semble présenter une accalmie et nous espérons pouvoir mener à bien notre projet.

Notre projet s'appelle EDENS 2008 et il touchera trois secteurs : l'éducation, l'environnement et la santé. Nous avons créé des fiches pédagogiques pour les amener dans différentes écoles du pays et nous apporterons également du matériel dans des hôpitaux (nous nous occuperons spécialement des enfants brûlés gravement).

Le projet implique 22 personnes : 14 partent sur le terrain pour mener à bien les projets que nous avons préparés depuis 4 mois, 5 personnes restent en Suisse mais ont apporté une aide énorme à la concrétisation des projets et 3 personnes sur places qui s'occupent des véhicules sur le terrain.


Le tout reste encore un peu flou car nous devons rester très discrets sur nos agissements et nos déplacements : plus de détails à mon retour !!!



Coup de pouce d'Oxford

Un doctorant en Economie à l'université d'Oxford est tombé par hasard sur notre blog. Il nous propose de lire cet article rédigé par son superviseur, Stefan Dercon, spécialiste de l'Afrique.

Merci pour son aide.

Le cuir éthiopien

En parcourant le rapport 2007 sur les PMA ( pays les moins avancés ) fourni par le CNUCED ( Conférence des Nations Unies sur le Commerce Et le Développement ), le chapitre sur " La question des capacités de l'Etat " pour favoriser l'innovation technologique est scientifique m'a interpellé. Voici un extrait :

" (...) car il est vrai qu'aujourd'hui les capacités des pouvoirs publics dans les PMA sont très insuffisantes, notamment en ce qui concerne les questions scientifiques et techniques et l'innovation, qui ont longtemps été négligées. Bon nombre d'institution n'ont tout simplement pas les capacités techniques et financières nécessaires pour s'acquitter de leur mission. Le cas du Mozambique illustre bien le problème. En 2004, l'Institut national des normes et de la qualité n'était doté que de 13 fonctionnaires, dont seulement 5 universitaires, qui gagnaient environ 200 dollars par mois. (...)

Il faut que les administrations publiques soient compétentes et indépendantes. Toutefois, l'une des grandes leçons qu'on peut tirer des différents exemples de rattrapage industriel est que le gouvernement ne doit pas être un planificateur central omniscient, mais plutôt formuler et mettre en oeuvre des politiques par l'intermédiaire d'un réseau d'institutions faisant la liaison entre les pouvoirs publics et le secteur privé. La création de telles institutions intermédiaires devrait être l'un des priorités de l'amélioration de la gouvernance en matière d'apprentissage et d'innovation technologique."

Et voici les conclusions que le rapport formulent :

- Les PMA négligent la question du changement technologique et d'innovation en tant que source de croissance

- Les PMA n'intègrent pas la question du changement technologique dans une stratégie de développement plus globale

- Il faut privilégier la promotion de l'apprentissage. De plus, l'Etat doit se charger de coordonner les efforts du secteur privé, mais surtout de créer les conditions cadres, par des incitations du marché par exemple, à un tel développement.

- L'objectif stratégique fondamental des PMA doit être le rattrapage technologique des pays les plus avancés

- Il faut que le rattrapage technologique soit graduel et adapté aux conditions socio-économiques du pays. On privilégiera par exemple la révolution verte, la création d'entreprises locales, ou encore la modernisation des activités d'exportation.

- La transformation technologique devra se faire tant sur le plan agricole que sur le plan industriel, que ces activités soient exposés ou non à la concurrence internationale.

- Les PMA, même s'ils n'ont pas les moyens ou les structures pour adopter de telles réformes, doivent adopter une approche graduelle de l'apprentissage en matière de formulation et d'exécution des politiques.

Voici à présent l'exemple du cuir éthiopien, pour montrer que les capacités existent, encore faut-il les exploiter. ( Cliquez pour agrandir)






Cet exemple prouve que le potentiel existe, mais que la part d'innovation et de bonne gouvernance est immense.

Source : http://www.unctad.org/fr/docs/ldc2007_fr.pdf page 123 ss.

samedi 23 février 2008

Le train de la mondialisation



Dans son livre " The Bottom Billion ", Paul Collier nous parle d'un sujet souvent évoqué : est-ce que les pays du tiers monde ont-il loupé le train de la mondialisation ?

Mais d'abord, qu'est-ce que la mondialisation ? Il s'agit de l'importance des flux de capitaux, des flux migratoires et du commerce international. Ainsi, du point de vue des flux migratoires et des capitaux, les pays émergents étaient plus " globalisés " il y a un siècle. C'est alors sur le commerce qu'il faut se pencher.

Ainsi, Collier a décrit 4 " traps " dans lesquels les pays pouvaient s'enliser. On peut penser que si un pays parvenait à sortir de ces problèmes, il commencera à croître. Le terme utilisé pour cette progression est " convergence." Par exemple, en Europe, les pays les plus pauvres ( Portugal, Espagne, Irelande ) ont progressé plus que les pays riches, en terme de croissance. Certains pays s'inquiètent ainsi que la Chine converge si vite vers nous. Néanmoins, est-ce que les pays du bottom billion, s'ils parvenaient à se défaire d'un des 4 pièges décrit précédemment, parviendraient à rejoindre cette course à la convergence ?

Paul Collier décrit les trois volets de la mondialisation, mais c'est celui du commerce international qui m'a le plus inspiré. Voilà comment il décrit la situation. Dans les 1970's, le monde " riche " dominait l'industrie mondiale. Il y avait ainsi une énorme différence entre les revenus du monde riche et ceux du tiers monde. Pourquoi ces pays n'étaient-ils alors pas compétitifs ? D'une part à cause des restrictions commerciales imposées par les pays riches, d'autre part par les restrictions que les pays émergents appliquaient. Cependant, la principale explication réside dans ce qu'il appelle " les économies d'agglomération". Si un producteur est le seul à produire dans une région, ses fraix fixes seront énormes. ( transports, énergie, etc... ). Or, s'il y a plusieurs producteurs, ces fraix diminueront. Ainsi, le monde occidental est parvenu à compenser ses plus hauts revenus par des économies d'agglomération pour rester compétitif.

De plus, on se rappelle que les pays africains sont soit isolés (landlocked) soit riches en matières premières, et que la mauvaise gouvernance péjore grandement l'économie d'un pays. Ainsi, dans les années 1980, pour les pays pauvres en matières premières, il n'y avait que la Mauritanie qui possédait des conditions politiques propres, selon Collier, au développement d'entreprise. Certains pays se sont en effet littéralement tirés une balle dans le pied. Mais est-ce que certains producteurs auraient choisi l'Afrique si la gouvernance avait été meilleure ? Il explique que chaque année de bonne gouvernance ( comprenez une paix politique, des réformes cohérentes, ... ) augmentait la diversification des exportations. Mais selon lui, les africains ont perdu cette opportunité au profit de l'Asie.

En effet, l'Asie possède encore des revenus suffisamment bas pour être compétitives. De plus, l'afflux massif de capitaux lui permet d'offrir des économies d'agglomération. Elle est donc bien plus compétitive que l'Afrique ! Pour les pays pauvres en matières premières, ils devront donc attendre que la différence entre les revenus asiatiques et les leur soit suffisamment grande pour combler leur manque d'économie d'agglomération ! Par ailleurs, outre ces pays, il existe des pays riches en matières premières. On a vu cependant que le phénomène de " Dutch Disease " péjorait les exportations industrielles au profit de celles de matières premières. Or, avec la croissance de l'Asie et la demande mondiale en matières premières, ces pays là sont contraints à exporter ces matières et donc d'une certaine façon sont maintenus dans une faible croissance.

Cette analyse est très déprimante, car elle n'incite pas les pays du Bottom Billion à tout faire pour se stabiliser, car les perspectives ne sont pas merveilleuses. Mais les solutions existent.

vendredi 22 février 2008

100.000% d'inflation au Zimbabwe


A l'approche des élections législatives du 29 mars 2008, le Zimbabwe connaît le record mondial en terme d'inflation. 100.000% c'est du jamais vu, et pourtant, plus personne ne s'en émeut tant le Zimbabwe s'est acclimaté à cette tendance. De plus, certaines personnes parleraient même d'une sous-évaluation de la situation. On parlerait d'une inflation avoisinant les 150.000 % (!).

Cette inflation est en partie expliquée par l'usage abusif de la planche à billets à des fins électorales. On se rapporte une nouvelle fois aux explications de Paul Collier : une mauvaise gouvernance et une démocratie mal orientée péjore l'économie. Pourtant, le Zimbabwe fut il y a de nombreuses années le "grenier de l'Afrique". Les occidentaux reprochent ainsi la réforme agraire de 2000 qui avait vu les fermiers blancs se faire expropriés, désorganisant le secteur agricole, pilier de l'économie du pays.

Le président Mugabe, lui, n'a fait qu'accumuler les erreurs, accusant dans un premier temps les sanctions contre son régime puis imposant un contrôle des prix que les paysans furent incapables de tenir.

De bonnes réformes et une bonne politique peuvent amener à un certain développement. De mauvaises réforment et une mauvaise politique amènent à coup sûr au déclin.

( source : http://afp.google.com )

Bush en Afrique: Simple visite de courtoisie ?


Georges W.Bush est sur le point de terminer sa seconde visite sur le continent africain. Après le Bénin, la Tanzanie, le Rwanda et le Ghana, il visite en compagnie de sa femme le Libéria. Loin d'être une simple visite de courtoisie, le président américain prospectait en ces pays selon le mot d'ordre de la politique de Washington en Afrique : "Beaucoup de commerce, peu de solidarité et aucune audace." (Jeune Afrique)

Cette tournée africaine visait premièrement l'approvisionnement en pétrole. On ne le sait que trop peu, depuis trois ans, selon Libération.fr, le pays de l'Oncle Sam s'approvisionne à hauteur de 18% en Afrique, soit plus qu'au Moyen Orient. La Chine, elle, importe à hauteur de 30% depuis l'Afrique. ( Du Soudan, notamment, contre le commerce d'armes. ) Avec la Chine très présente à l'est, et les USA implantés plutôt dans le Golfe de Guinée, ce sont les pays centraux, comme le Tchad, qui sont plutôt sujet à une lutte d'influence.
Le pétrole n'est cependant pas la seule matière première vitale pour ces deux pays. Avec les velléités nucléaires iraniennes voir indiennes, l'approvisionnement en uranium est également primordial. Les minerais de ponte ( Niger, République Centrafricaine, Congo-Kinshasa ) suscitent de plus en plus de convoitises.
Enfin, les Etats-Unis n'aident pas aveuglément les pays au sud du Sahel : Ils espèrent, en effet, lutter contre le terrorisme émergeant dans cette large bande de terre difficile à contrôler. Le pentagone entraîne ainsi les armées nationales du Mali et de la Mauritanie et subventionne les pays du sud Sahara. ( 4.1 milliards en 2005, soit plus de 1 milliard d'augmentation ) Les échanges commerciaux ont eux également pris l'ascenseur passant de 44 à 71 milliars $ entre 2004 et 2006. Les exportations subsahariennes ont progressé de 60% en deux ans, notamment grâce à la loi dite Agoa ( African Growth and Opportunity Act ) qui exonèrent des droits de douanes certains produites. Ces exportations sont cependant composées de 90% d'hydrocarbures. Je vous renvois ici au problème des exportations de matières premières évoqué par Paul Collier. ( Dutch Disease )

Cette visite est-elle donc une volonté de pacifier, de commercer ou de s'approvisionner ? Peut-être les trois. Mais nul doute que la lutte d'influence entre la Chine et les Etats-Unis ira en s'amplifiant. Espérons qu'elle serve plutôt qu'elle ne déserve le continent africain.

( source : http://www.jeuneafrique.com et http://www.liberation.fr )

jeudi 21 février 2008

Ping à la tête de l'UA

Le 1e février 2008 à Addis-Abeba se tenait l'élection du président de la commission de l'Union Africaine ( UA ). Les présidents ou représentants des différents pays africains se ont élu Jean Ping, vice premier ministre gabonais. Particularité ? Il parle français et chinois.



Cette élection ne se fit pas sans aucune difficulté. Kaddafi créa ainsi un incident diplomatique lorsque son candidat, qu'il avait imposé deux jours auparavant, fut éliminé d'office. Le " Guide " libyen sortit de la salle en criant à la trahision envers l'un des fondateurs de l'UA, voir même envers les arabes d'Afrique du Nord. Il menaça ainsi de se retirer de l'UA. Encore une "kaddafiade " qui vint entacher une entreprise qui se doit d'être tenue dans la plus grande démocratie pour que les intérêts africains communs soient entendus dans leur ensemble.

Cependant, le plus important de ce sommet fut bien l'élection de Jean Ping à la tête de l'UA. Mais qui est-il ? Vice-président du Gabon, chef de la diplomatie, de la coopération et de la francophonie, il possède cependant une particularité non-négligeable : il parle parfaitement le mandarin. Son père est en effet d'origine chinoise ( d'où la consonance de son nom). Pékin sera sans doute sensible à cette dimension. Ping parle néanmoins également le français et peut donc jouer sur les deux tableaux. Mais est-ce que cette nomination ne revêt-elle pas un choix stratégique ? Les investissements chinois n'auront sans aucun doute aucune objection là contre, bien au contraire, et nous non plus.

Agir en Afrique


Constater la situation en Afrique est une chose. Agir en est une autre. Beaucoup s'accordent pour dire que les plus grands changements devront venir de l'Afrique elle-même. La création de l'union africaine pourrait ainsi constituer un point de départ.



Voici à ce propos un article trouvé sur le blog de Jaques Pilet à ce propos.

" L’Afrique change plus qu’on ne l’imagine. En 2002 s’est créée l’Union africaine sur le modèle européen. Elle n’en est qu’aux premiers balbutiements. Mais c’est un espoir à prendre au sérieux. L’institution, basée à Addis Abeba... " Cliquer ici pour lire l'article.

mercredi 20 février 2008

The Bottom Billion


Paul Collier est professeur d'économie à l'université d'Oxford. Il est responsable du département d'étude d'économie africaine. Son dernier livre " The Bottom Billion " a fait grand bruit dans les sphères politiques.

"The best book on international affairs so far this year."--Nicholas D. Kristof, The New York Times

"One of the most important books on world poverty in a very long time."--Richard John Neuhaus, founder of First Things Magazine$

Le deuxième titre de ce livre est " Why the Poorest Countries are Failing and What Can Be Done About It ". Collier explique ainsi plusieurs traps dans lesquels les pays du " Milliard du bas " sont enlisés.

Premièrement, ces pays sont cantonnés dans des séries de guerres civiles. Il démontre ainsi statistiquement qu'un pays en période de guerre civile a plus de chance de connaitre un nouveau conflit dans les prochaines années. De plus, un pays en guerre affecte non seulement son économie mais également celles de ses voisins. En outre, une " économie de guerre " se développe dans les pays en conflit depuis longtemps. Les bénéficiaires de ces guerres ne connaissent ainsi que ce régime et ont tout intérêt à ce qu'il continue. Enfin, le taux de guerres civiles est proportionnel au revenu par habitant et à la croissance. Un faible revenu signifie pauvreté, et une faible croissance ( voir décroissance ) signifie aucun espoir. Ainsi, la pauvreté crée le conflit et le conflit crée la pauvreté !

Deuxièmement, il explique que les pays riches en matières premières ( pétrole, diamants, or, ... ) n'héritent pas forcément d'un cadeau. Tout d'abord, elles troublent l'ordre politique. En effet, les démocraties coutent cher à cause de la corruption et les matières premières sont une source de paiement non négligeables. Ou alors, en cas d'autocratie ou de guerre civile, le commerce des matières premières sert à payer les armées de rebelles. ( comme au Zaïre avec les diamants.) Pour que ces pays puissent bénéficier du commerce de matières premières, il eut fallu qu'ils possèdent des contraintes politiques, pour assurer la démocratie. Or, ces pays n'avaient pas de démocratie ( voir même aucune institution ) lors de la découverte de ces richesses.(A la différence de la Norvège par exemple)
Ensuite, même d'un point de vue économique, si un pays dépend grandement de ses matières premières, il péjore le reste de ses activités. Par un phénomène appelé " Dutch Disease ", l'exportation massive de matières premières rend moins profitable les activités de manufacture, alimentaires, etc... à l'intérieur du pays. Ainsi, un pays riche en matières premières risque de dépendre uniquement des exportations de matières premières et s'expose donc à la volatilité des prix, du pétrole notamment.

Troisièmement, certains pays souffrent de leur géographie. Prenez l'exemple du Burkina Faso, du Niger, du Tchad, de l'Ouganda, du Malawi,... Ils sont entourés par des pays qui ne sont pas forcément plus riches qu'eux. Ils les appellent les landlocked countries. Cependant, ils souffrent ainsi de leur isolement car ils ont moins accès aux voies de communications. De plus, de mauvais voisins impliquent de faibles échanges avec eux. Prenez l'exemple de la Suisse. Avec la France, l'Allemagne, l'Italie et l'Autriche, elle a suffisamment de débouchés pour ses exportations. Prenez l'Ouganda, avec le Zaire, la Tanzanie, le Kenya et le Rwanda, c'est tout de suite beaucoup plus difficile ! Néanmoins, bizarrement, les pays pauvres avec un mauvais voisinage dépendent encore plus de leur voisin ! Il chiffre à 0.4% de croissance nationale le bénéfice par rapport à 1% de croissance chez nos voisins ( en suisse par exemple ). Dans les landlocked countries, ce chiffre monte à 0.7%. Or, comme on connait la faible croissance des pays africains, on comprend qu'il est plus difficile de connaitre la croissance pour ces pays à mauvais voisinage !


Quatrièmement, il parle également de la mauvaise gouvernance. Certains pays refusent ainsi de prendre des mesures économiques simples pour plusieurs raisons. Tout d'abord, certains comme le président du Zimbabwe refusent les théories économiques dominantes sous prétexte qu'ils servent les intérêts occidentaux. Excusez du peu, son pays qui était le grenier à blé de l'Afrique voilà de nombreuses années connait aujourd'hui la pénurie alimentaire et une hyperinflation de 1000% (!) par année. Ensuite, d'autres comme le Nigéria ont effectivement appliqués des réformes imposées par le FMI ou la Banque Mondiale. Néanmoins, ces réformes ayant été appliquées en période de crise, malgré qu'elles l'aient amenuisée, elles sont devenues impopulaires et leur négation sert ainsi le populisme ! Enfin, troisièmement, on peut penser que la démocratie est le système " le moins pire " qui soit. Or en Afrique, globalement, la croissance est plus forte dans un pays autocrate et dictatorial que dans une démocratie. Pourquoi ? Car une nouvelle fois, acheter des voix ou faire campagne coute cher. De plus, les réformes sont souvent impopulaires et leur effet sont souvent inexistants à court terme et le populisme des mouvements autocrates et ainsi encouragé ! Certains pays sont ainsi dans une impasse politique.


Voilà en résumé le contenu de la première partie de ce livre. Certains pays semblent ainsi dans une impasse. Déprimant ? Non, l'espoir subsiste, mais comme Paul Collier l'explique plus tard dans son livre, encore faut-il prendre les bonnes mesures.

Point de départ

Coco se rendant au Niger à la mi-mars, nous nous sommes demandés un jour: " Pourquoi est-ce que cela ne fonctionne-t-il pas dans certains pays d'Afrique ?" Cette question a été suivie pour ma part de la lecture "The Bottom Billion" de Paul Collier, un livre fantastique. Nous avons décidé de marier ces deux expériences. Notre Blog était né.

Nous voulons ainsi, par des recherches, des commentaires de l'actualité, comprendre la situation en Afrique, et par extension au tiers-monde. En mariant l'expérience au Niger de Coco, son attrait pour le côté humain et mon attrait pour l'économie et la politique, nous essayerons de mettre en lumière la situation selon nos différents points de vue.

Ainsi, il faut bien l'avouer, la situation en Afrique constituera notre thème principal. Mais toutes les fenêtres restent ouvertes: Asie, Amérique, Océanie, Europe, Afrique, peu importe, seule la vérité compte !


Bonne lecture. Coco & Yao