samedi 23 février 2008

Le train de la mondialisation



Dans son livre " The Bottom Billion ", Paul Collier nous parle d'un sujet souvent évoqué : est-ce que les pays du tiers monde ont-il loupé le train de la mondialisation ?

Mais d'abord, qu'est-ce que la mondialisation ? Il s'agit de l'importance des flux de capitaux, des flux migratoires et du commerce international. Ainsi, du point de vue des flux migratoires et des capitaux, les pays émergents étaient plus " globalisés " il y a un siècle. C'est alors sur le commerce qu'il faut se pencher.

Ainsi, Collier a décrit 4 " traps " dans lesquels les pays pouvaient s'enliser. On peut penser que si un pays parvenait à sortir de ces problèmes, il commencera à croître. Le terme utilisé pour cette progression est " convergence." Par exemple, en Europe, les pays les plus pauvres ( Portugal, Espagne, Irelande ) ont progressé plus que les pays riches, en terme de croissance. Certains pays s'inquiètent ainsi que la Chine converge si vite vers nous. Néanmoins, est-ce que les pays du bottom billion, s'ils parvenaient à se défaire d'un des 4 pièges décrit précédemment, parviendraient à rejoindre cette course à la convergence ?

Paul Collier décrit les trois volets de la mondialisation, mais c'est celui du commerce international qui m'a le plus inspiré. Voilà comment il décrit la situation. Dans les 1970's, le monde " riche " dominait l'industrie mondiale. Il y avait ainsi une énorme différence entre les revenus du monde riche et ceux du tiers monde. Pourquoi ces pays n'étaient-ils alors pas compétitifs ? D'une part à cause des restrictions commerciales imposées par les pays riches, d'autre part par les restrictions que les pays émergents appliquaient. Cependant, la principale explication réside dans ce qu'il appelle " les économies d'agglomération". Si un producteur est le seul à produire dans une région, ses fraix fixes seront énormes. ( transports, énergie, etc... ). Or, s'il y a plusieurs producteurs, ces fraix diminueront. Ainsi, le monde occidental est parvenu à compenser ses plus hauts revenus par des économies d'agglomération pour rester compétitif.

De plus, on se rappelle que les pays africains sont soit isolés (landlocked) soit riches en matières premières, et que la mauvaise gouvernance péjore grandement l'économie d'un pays. Ainsi, dans les années 1980, pour les pays pauvres en matières premières, il n'y avait que la Mauritanie qui possédait des conditions politiques propres, selon Collier, au développement d'entreprise. Certains pays se sont en effet littéralement tirés une balle dans le pied. Mais est-ce que certains producteurs auraient choisi l'Afrique si la gouvernance avait été meilleure ? Il explique que chaque année de bonne gouvernance ( comprenez une paix politique, des réformes cohérentes, ... ) augmentait la diversification des exportations. Mais selon lui, les africains ont perdu cette opportunité au profit de l'Asie.

En effet, l'Asie possède encore des revenus suffisamment bas pour être compétitives. De plus, l'afflux massif de capitaux lui permet d'offrir des économies d'agglomération. Elle est donc bien plus compétitive que l'Afrique ! Pour les pays pauvres en matières premières, ils devront donc attendre que la différence entre les revenus asiatiques et les leur soit suffisamment grande pour combler leur manque d'économie d'agglomération ! Par ailleurs, outre ces pays, il existe des pays riches en matières premières. On a vu cependant que le phénomène de " Dutch Disease " péjorait les exportations industrielles au profit de celles de matières premières. Or, avec la croissance de l'Asie et la demande mondiale en matières premières, ces pays là sont contraints à exporter ces matières et donc d'une certaine façon sont maintenus dans une faible croissance.

Cette analyse est très déprimante, car elle n'incite pas les pays du Bottom Billion à tout faire pour se stabiliser, car les perspectives ne sont pas merveilleuses. Mais les solutions existent.

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